The Witch and The Hundred Knight - Revival Edition (2016) - Jeu vidéo
Jeu vidéo de Nippon Ichi Software PlayStation 4 Stratégie temps réel et action 4 mars 2016
L'action-RPG The Witch and the Hundred Knight revient dans une édition Revival portée sur PS4. Dans la peau d'un microbe voué à devenir le démon légendaire Hundred Knight, vous devez aider la sorcière des marais à étendre son territoire et à vaincre la sorcière des bois. Un grand nombre de contraintes de gameplay impliquent de revenir explorer plusieurs fois les niveaux pour les terminer, vos armes et vos pouvoirs évoluant considérablement au fil du jeu.

The Witch and the Hundred Knight, jeu obscur parmi tant d'autres du catalogue NIS, n'a pas su trouver les grâces du public. Entre une poignée de tests, mitigés au mieux, assassins au pire, et des retours de joueurs du même tonneau, il ne fait aucun doute que ce jeu est une plaie qui ne mérite pas votre temps. Ce n'est pas l'expérience qui vous en donnera tort. Dès le départ, le ton est posé, Hundred Knight sera décalé, comme nombre de jeux NIS, mais d'une façon qui ne vous donnera pas envie de pousser votre chance.
Le petit microbe stupide que vous incarnez est le Hundred Knight, une créature de légende qui aurait la force de cent hommes. Invoqué par la Sorcière des Marais, l'immortelle Panthera (METALLICA !), qui en a un peu marre de zoner dans son marais de 300m² au bout de 113 ans, vous serez chargé de dominer les Piliers de Tempérance, des artefacts scellant les boues toxiques du marais de Niblhenne. Si cette substance provoque la mort de tout être humain à son contact, la sorcière Panthera (ME-TAL-LI-CA !) en a besoin pour vivre. Répandre les marais lui permettra donc de visiter enfin le monde... même au prix de tous les êtres vivants alentour.
Un but, vous l'aurez compris, difficile à partager, bien loin des idéaux de noblesse et de justice conventionnels des J-RPG, qui peut limiter la motivation au départ. Celle-ci viendra ensuite se fracasser contre un game design qui a autant d'académisme que l'incipit n'a d'irrévérence.
Jeu de Massacre et Massacre de JeuVous avez 5 types d'armes (épée, épieu, lance, marteau et bâton) et 3 éléments (taille, frappe et magie) pour affronter un bestiaire assez large en explorant des maps qui le sont aussi. Si certaines faiblesses sont intuitives, comme les végétaux craignant la taille et les cuirassés craignant la frappe, les autres vont passer par un try&learn pur et dur. On n'est donc pas dans une inspiration trop directe de Vagrant Story.
Ici s'ajoutent des mécaniques de jeu handicapantes, comme la "batterie" du personnage qui se vide à chaque action, et le stuff comme fondation de notre puissance. Le jeu a beau proposer une esquive à la Bayonetta, n'espérez pas jouer uniquement au skill, les armes de qualité bien entraînées et organisées en chaîne seront indispensables. Vous signez ici pour une certaine quantité d'aller-retours entre votre dernier checkpoint et votre QG, plus un certain grinding. Et à terme, vous aurez un boss, qui est souvent une version "gonflée aux hormones" d'un monstre lambda. Leur défense baisse drastiquement quand ils préparent une attaque, ou qu'ils viennent d'en lancer une, ce qui vous laisse deux fenêtres à choisir pour leur loger un combo.
Bien qu'il ne soit pas dénué de fun dans ses mêlées endiablées, ni d'intelligence dans son game system, Hundred Knight reste un jeu très répétitif, pas très technique, frappé en plus d'une réalisation pas flamboyante et d'une direction artistique quelconque ; tout au plus, on lui reconnaîtra l'une des meilleures OST que Tenpei Sato ait composées depuis Soul Nomad. Comment peut-on motiver un humain lambda à encaisser une telle expérience plus de trois heures ? La réponse est simple : on ne peut pas. Cela explique pourquoi le trophée le plus courant du jeu n'a que 17% d'obtention. Oui, il n'y a que 17% des joueurs qui ont joué assez longtemps pour obtenir un trophée. Alors, comment trouver la volonté de poursuivre jusqu'à la dernière fin du jeu ?
Venez vous marrer de la Sorcière des MaraisCette volonté, c'est tout simplement celle de voir se dérouler l'histoire de Panthera (METALLICA !!!). C'est la volonté de voir ce qu'il adviendra de cette fille égoïste, cruelle, violente, ordurière, cynique, surpuissante et immortelle. C'est le plaisir de la voir interagir avec son domestique narquois Arlecchino, ainsi que son otage et souffre-douleur Visco. C'est la dynamique de ce trio assez proche de Disgaea 1 (Laharl, Etna et Flonne) mais avec une truculence bien plus assumée, qui vous portera pendant que vous découvrirez un monde qui a des règles et un passé bien pensés.
En tout cas, ça devrait vous porter jusqu'au chapitre où vous apprendrez le passé et le rôle de Panthera (... metallica) Et comme NIS ne veut pas que Hundred Knight soit aimé, ici démarre un bras de fer intense, entre cette fameuse volonté de voir le dénouement de l'intrigue, et la cruauté du jeu qui pond alors toutes sortes de barrières.
Environnements déprimants, level design sadique, sound design éprouvant, pics de difficulté intenses, bref, le jeu se réinvente uniquement pour vous faire lâcher prise ; et si vous deviez vous acharner, ce serait uniquement pour subir un boss final pathétique et la fin la plus nulle de tous les temps. Si vous n'en avez pas assez, si votre amertume vous booste assez pour poursuivre, alors ce n'est plus un bras de fer qui vous attend, mais bien un...
Duel à mortCar le chemin pour atteindre cette dernière fin, celle qui conclut enfin l'histoire dignement, est une épreuve comme il en existe peu dans le catalogue NIS. Que ce soit pour survivre à la faune, subitement issue du plus hardcore des Soulsborne, pour suivre les multiples révélations du scénario qui devient terriblement plus complexe, ou face aux incursions dans des domaines moralement bannies de la culture japonaise, il faut s'accrocher en permanence... ou ravaler sa fierté et passer en mode Casual. Haha, non, c'est pas du vécu, pas du tout, que croyez-vous ?
Et pourtant, bien peu de joueurs atteindront ce point, car le jeu aura tout fait pour se fermer toutes les indulgences. Bien peu de joueurs baigneront dans un plot mélangeant Disgaea 2 à Phantom Brave et Soul Nomad dans un méli-mélo de concepts et de notions déjà établis, mais appliqués ici comme jamais ils ne l'ont été, pour finir contre le boss final le plus meta qu'on n'ait jamais vu dans un NIS.
Niike, la divinité destructrice de dimensions, n'est autre que l'extension de Niikawa, game designer de NIS qui a donné vie aux nombreux pans du multivers NIS, mais qui les a aussi condamnés à mort quand l'envie lui prenait de ne plus les exploiter.
Hundred Knight, c'est un jeu assez moyen en soi, du genre qu'on ne peut pas recommander tant les chances de le honnir sont grandes. C'est un jeu qui ne trouvera grâce qu'auprès du public acquis de NIS, celui qui a déjà éprouvé la richesse de leur écriture et leurs personnages hauts en couleurs. C'est un jeu qui ne sera acheté et testé que par ceux qui savent déjà dans quel terrain ils mettent les pieds. Les autres auront tout intérêt à ne pas s'exposer à une perte de temps, d'argent et d'amusement, sur ce jeu qui n'a pas été pensé pour eux.







