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Les Leçons persanes - Film (2021)

1942, dans la France occupée, Gilles est arrêté pour être déporté dans un camp en Allemagne. Juste avant de se faire fusiller, il échappe à la mort en jurant aux soldats qu'il n’est pas juif mais persan. Ce mensonge le sauve momentanément puisque l’un des chefs du camp souhaite apprendre le farsi pour ses projets d’après-guerre. Au risque de se faire prendre, Gilles invente une langue chaque nuit, pour l'enseigner au capitaine SS le lendemain. La relation particulière qui se crée entre les deux hommes ne tarde pas à éveiller la jalousie et les soupçons des autres...

Film Les Leçons persanes - Film (2021)
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Que n’a-t-on jamais dit, montré ou raconté sur les guerres, de sorte qu’un nouveau film sur le sujet n’apparaisse d’emblée complètement essoré ? Si ce long-métrage de Vadim Perelman renouvelle pourtant ce genre, ce n’est pas par la vision qu’il aborde de 39-45  des nazis, dans un camp, qui commettent de nombreuses atrocités sur les prisonniers, sans pitié, comme des robots effectuants une tâche quotidienne – la routine habituelle. C’est plutôt pour avoir peint, à travers le personnage de Gilles (Nahuel Pérez Biscayart), un réel petit compte, montrant ce juif obligé de renier son identité et devant s’en réinventer une pour échapper aux griffes des allemands. Se faisant ainsi passer pour un persan, il est momentanément sauvé puisque l’un des chefs du camp souhaite apprendre le farsi. Alors contraint pour sa survie, Gilles se retrouve à inventer une langue pour l’enseigner au capitaine SS (Lars Eidinger), non sans difficulté puisqu’il ne faut pas élever les soupçons. Rarement le cinéma récent, parlant de la guerre, avait fait preuve d’une telle capacité d’euphorie et d’empathie que dans ce film allègre et virevoltant. À la guerre, qui a ici tous des aspects réalistes  le camp de transit, le temps de passage des prisonniers, les décisions des allemands face aux avancées américaines, s’oppose l’histoire de Gilles, presque irréaliste. Une histoire insensée, précisément parce qu’il a fallu au protagoniste du courage, de la chance, de la rapidité d’esprit et de l’aide pour échapper à l’implacable poursuites des fascistes allemands et leurs partisans. Ça fait en effet beaucoup pour un seul homme malgré le fait qu’il existe des centaines d’histoires similaires, dans lesquelles des personnes parviennent à s’en sortir grâce à leur intelligence et à leur débrouillardise. Mais, ces dernières ne lient surement pas la guerre à elles, pour dans le même temps que de dérouler ce conte, la guerre frappe de plein fouet le spectateur, tout en ayant un impact atténué. C’est là la force du film. Au delà de la focale abordée pour traiter de la guerre, Les leçons persanes a une belle thématique, celle de la mémoire. Après le fait que l’ingéniosité prime chez un individu, le film fait l’éloge de tous les prisonniers morts dans ce camp et dont les noms, inscrits scrupuleusement dans les archives et les registres, ont été brûlés par les allemands avant l’arrivée des américains. En inventant le faux-farsi à partir des noms des présents dans le camp, Gilles les a immortalisé. Vadim Perelman décrit également un relation complexe et inconfortable entre Gilles et le capitaine SS. Initialement basée sur des interêts mutuels, elle semble s’approfondir au fur et à mesure du film. Comme si malgré toutes les atrocités commises par le capitaine, tout le monde restait humain, tout le monde était capable d’aimer. Le réalisateur traite les deux individus sans différence, sans prise de position. Il pourrait très bien, de façon équitable , critiquer les actions des deux protagonistes, malgré leurs actes passés. Mais dans le film, on remarque surtout l’évolution du personnage de Koch, en voix d’humanisation depuis qu’il apprend cette nouvelle langue, qui malgré son originalité, permet à ce dernier de montrer certaines parts de lui qu’il ne pouvait pas exprimé en allemand. Grâce à cette humanisation, on commence même à éprouver de l’empathie pour Koch, le capitaine SS, qui reste malgré tout un être humain, capable d’aimer, d’être jaloux, d’avoir peur et ayant possiblement toutes les qualités humaines. Mais, là où le film est puissant, c’est en montrant que d’une, en commettant des actes barbares comme ça, il est impossible d’atteindre ce grade et c’est justement parce que ces êtres sont susceptibles d’avoir des qualités, que nous pourrions avoir, que leurs actes sont d’autant plus terrifiants. n(8/10)